La crise

  • Putain papa, je sens que je deviens folle

C’est difficile d’écouter ça à 15000 kilomètres de l’amour. En plus tu sais que tu peux rien n’y faire. Mais on l’a déjà fait. Et on en est sortis.

En fait le couplet raconte ta vie, ce que tu fais. Le refrain raconte la crise:

ce que tu veux faire, ce que tu ne veux plus vivre. Ce qui t’angoisse. Ce qui résume et résoud. Ce qui n’existe pas, ce que tu poursuis sans jamais l’atteindre, semblerait il.

Et elle était dejà tombée, la tête la première, au coeur de son histoire future. Une espèce de prémonition. La guillotière. Le premier contact. La première référence.

J’aime marcher sur la guillotière, la place, les conciliabules. Marcher sur l’avenue. Le shit et les regards. L’identité incontournable. Tout ce que j’aime, tout ce que je ne comprends pas, tout ce qui fait peur, tout ce qui me fait sourire, tout ce qui me fais sentir chez moi. Une partie de mon histoire. J’essaie de reconstruire l’atelier de mon grand père à Alger. Là où tout se mélangeait, se concoctait, la construction de mon sang mélé. La république espagnole, les images de la fuite. Le front africain, la resistance, l’inouï, l’inexplicable; puis le FLN. C’est beaucoup d´histoires en quelques années. Faut soutenir une famille dans ces conditions, pas facile. Deux petites filles. L’Uruguay.

Et je retombe sur la place. Je ne regarde personne, je regarde mes godasses. Je ne connais pas cette ville, je viens d’arriver. Changer mes fringues, changer mes dialogues, changer mon sourire.

4 ans avant, au premier abord, il fallait cultiver les alliances, retrouver la valeur de l’humanité, quelle qu’elle soit, où qu’elle soit.  Justement là où l’on est tous différents. Où chacun a ses valeurs et les prône avec orgueil.

Tu n’oublieras pas, ça reviendra. Tu sauras, tôt ou tard, tu sauras vivre avec tout ça. Quand l’amour et l’histoire se rencontrent, c’est la crise. C’est l’heure d’écrire le refrain.

Well someone told me yesterday
That when you throw your love away
You act as if you just don’t care
You look as if you’re going somewhere

 

So lonely

  • Me siento tan sola. So lonely. Je me sents tellement seule
  • Je sais, suis à côté de toi, toujours, depuis le debut, chaque jour.

 

Même quand vous avez cru que j’étais parti, tous petits.  Je ne suis jamais parti. La valeur de l’humanité, c’est apprendre à bouger. Je ne crois plus aux coincidences.

Tu es là, exactement là, pour accuser le coup de notre histoire, la vêtir. Tu te sens seule, terriblement seule, justement parcequ’il faut apprendre à s’aimer. C’est l’heure d’écrire ton premier refrain, tu passes au quatrième degré, et tout s’installe simplement, logiquement.

Les meilleurs refrains sont toujours simples.

Pas la peine de chercher à briller, à expliquer, à justifier. Ne pas regarder en avant, ou en arrière. Tu existes seulement maintenant. Les émotions sont plus intenses et vraies quand on reconnait leur simplicité. Et tu le sais. Tu sais quoi faire, toujours. Chaque jour.

Quand on oublie la simplicité, on tombe toujours sur une mauvaise chanson.