La routine

La routine

  • Bonjour, monsieur le chien au pijama vert!

J’aime bien les routines. Surtout avec les gosses.

Pas La Routine. Les routines. Je pense aux rituels, aux habitudes. Comme dans routine d’entraînement.

Parfois, c’est aussi simple qu’un chien en peluche vêtu d’un pijama vert, oublié derrière un rideau sale, collé à une fenêtre au deuxième étage d’un vieux bâtiment du XVIIIe Siècle: un jour la petite l’a repéré, puis on a pris l’habitude de lui dire bonjour à la descente du bus, chaque matin, en traversant l’avenue sur le chemin de la maternelle.

C’était comme un jeu.

Finalement ça a beaucoup à voir avec une de mes manies: quand j’identifie une idée qui fonctionne, bien sûr je l’expose. Et après j’insiste, je répète. Et je répète encore. C’est un peu comme je parle: quand je veux transmettre une idée, convaincre quelqu’un, je vais répéter la même chose, trois ou quatre fois de différentes manières, c’est même assez fatigant pour l’ interlocuteur. D’ailleurs je m’en veux souvent quand j’y pense…

C’est un trait de ma personalité: un peu obsessif-compulsif. C’est comme le refrain sur cette chanson: d’un coup je décide que la croche est la figure rythmique parfaite pour accompagner la mélodie et j’en balance sur toutes les pistes. Le hi-hat, la guitare, la basse, peut être la grosse caisse aussi. Au cas où t’aurais pas compris que la croche était là, et bien j’en fais un motif inévitable.

You don’t give me

Evidences

Of your Love

Donc on revient au chien.

 

Un beau jour, le chien n’était plus là. Ca nous en a fait un coup mais, bien sûr en tant que Papa, j’ai dû jouer un peu sur l’indifférence, pour réduire l’impact. La routine n’était plus là.

Cependant, on a continué à lever le regard, chaque matin, en passant sous la fenêtre, mais rien. Le chien au pijama vert n’est pas revenu.

Et puis un matin, la petite l’a salué quand même: “Bonjour, Monsieur le chien au pijama vert”. Surpris, je la regarde, et elle me dit: “Ben oui, il doit être dedans, ou peut être qu’il est parti en voyage, mais j’ai quand même envie de lui dire bonjour”.

 

J’aime bien les routines. Surtout avec les gosses. Quand elles n’existent plus, elles n’en restent pas moins gravées dans nos memoires. C’est comme un petit jardín lumineux au printemps. De temps en temps, tu peux l’évoquer, tu peux même l’imaginer et te transporter.

 

Et ca marche donc aussi sur la musique: quand tu as installé la routine, le reflexe, et bien tu peux la faire disparaitre, de temps en temps, mais tu continueras à l’écouter sans vraiment l’écouter. Ca marche très bien pour les refrains aussi. Tu peux lancer l’idée sur l’intro, par exemple, puis ne plus l’utiliser jusqu’au refrain. Là, la mémoire s’active inconsciement, la mélodie, la figure rythmique, la routine t’est familière, et tu l’adoptes facilement.

 

Dans le fond, j’imagine quand t’es plus là, quand tu ne seras plus là; bien sûr, ceux qui sont encore là vont pleurer, peut être. Mais finalement c’est pas si mauvais que ça. En fait, quand tu pleures, quand t’as les routines dans la tête, les petits jardins du printemps, je pense que tu pleures de joie.

 

Et peut être, sûrement, entretemps, tu rigoleras.